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Torture à la musique: des musiciens indignés
Par Mauricio Duenas
Mondialisation.ca, 23 octobre 2009
France2.fr 23 octobre 2009
Url de l'article:
https://www.mondialisation.ca/torture-la-musique-des-musiciens-indign-s/15795

- Michael Stipe de R.E.M. proteste contre l'usage de la musique pour torturer les détenus. - AFP - Mauricio Duenas -

Michael Stipe de R.E.M. proteste contre l’usage de la musique pour torturer les détenus.

© AFP – Mauricio Duenas

Des musiciens américains, dont R.E.M. et les Roots, protestent contre l’usage de la musique forte comme torture

Des dizaines d’artistes ont déposé jeudi une plainte réclamant la déclassification de documents gouvernementaux concernant de tels actes de torture commis à Guantanamo et dans d’autres lieux de détention de terroristes présumés.

Cette torture psychologique consiste à soumettre les individus à des volumes sonores élévés et constants de musique.

Selon les documents qui ont déjà été rendus publics et les témoignages de détenus de différents lieux de détention, parmi les artistes dont les chansons étaient répétées sans relâche sont souvent cités Britney Spears, Metallica, Eminem, Nine Inch Nails, Bruce Springsteen, Queen, Rage Against The Machine, AC/DC, Marilyn Manson ou les Bee Gees.

« Nous avons passé les 30 dernières années à défendre des valeurs de paix et de justice pour apprendre aujourd’hui que la musique de certains de nos amis a fait partie de techniques de torture, à leur insu et sans leur consentement: c’est atroce », a estimé dans un communiqué le groupe R.E.M..

« Le fait que la musique que j’ai aidé à créer a été utilisée dans des crimes contre l’humanité me rend malade », a expliqué de son côté Tom Morello, membre du groupe militant Rage Against the Machine. « Nous devons arrêter la torture et fermer Guantanamo, maintenant », a-t-il ajouté.

Avec des dizaines d’autres artistes, dont Trent Reznor de Nine Inch Nails, Pearl Jam et David Byrne, R.E.M., les Roots  et Tom Morello réclament d’une part la déclassification des documents secrets concernant la torture et se réservent le droit d’entamer à ce sujet des poursuites ultérieures. 

Ils demandent d’autre part la fermeture de Guantamano, conformément aux engagements pris par Barack Obama.  Et soutiennent pour ce faire une campagne de publicités télévisées démarrée jeudi aux USA et une pétition lancée par d’anciens généraux et parlementaires américains.

La musique forte utilisée pour humilier et désorienter
« Il existe des preuves très nombreuses que l’utilisation prolongée de musique forte était une part intrinsèque de l’arsenal américain de torture, à Guantanamo , en Irak et dans les prisons secrètes de la CIA », durant les sept dernières années, assure Jayne Huckerby, chercheuse à la New York university.

La musique forte, à volume constant, « seule ou associée à d’autres techniques de torture, était conçue pour humilier, terroriser, punir, désorienter les détenus, et les empêcher de dormir, en violation de la loi internationale », ajoute-t-elle.

Si l’Onu et la Cour européenne des Droits de l’Homme ont effectivement interdit l’usage de cette pratique durant les interrogatoires, elle est semble-t-il toujours pratiquée. Les prisonniers décrivent cette expérience comme plus difficile encore à supporter que la torture physique.

20 jours non stop d’Eminem peut faire perdre la raison
Ainsi, le détenu londonien Mohamed Binyam, encore retenu à Guantanamo, a témoigné auprès de Human Rights Watch de ses 18 mois de torture dans une prison secrète américaine. 

Son pénis, se souvient-il, était quotidiennement tailladé avec des lames de rasoir mais il assure avoir trouvé plus atroce encore l’impression de perdre la raison durant les actes de torture psychologique. Il a été soumis avec beaucoup d’autres à 20 jours non stop de « The Real Slim Shady » d’Eminem. « Beaucoup ont perdu la raison. Je pouvais les entendre se cognant la têtes aux murs ».

L’article du Washington Post à ce sujet

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