TPIY : qui a détruit les preuves du trafic d’organes au Kosovo ?

Des preuves essentielles concernant le trafic d’organes pratiqué contre des Serbes du Kosovo avaient été collectées par le TPIY. Elles ont été détruites sur ordre de Carla Del Ponte, quand elle était Procureure générale. C’est ce qu’affirme le bureau de son successeur, Serge Brammertz. Carla Del Ponte avait pourtant contribué à révéler ce crime, dans son livre paru en 2008.
Dans une interview accordée cette semaine à l’hebdomadaire serbe Nedeljnik, Carla Del Ponte affirme que l’enquête qu’elle voulait mener sur les trafics d’organes imputés à l’UÇK avait été « bloquée » par l’OTAN. Elle déplore le « manque de volonté politique » pour avancer sur ce dossier.
Carla Del Ponte explique notamment que de « nombreuses pressions » l’ont empêché de lancer une enquête en 2004 sur la base d’un rapport qui mentionnait déjà les crimes commis dans la fameuse « maison jaune ». Elle assure que la destruction des preuves a été ordonnée à son insu.
Toutefois, le bureau de Serge Brammertz, le Procureur général du TPIY qui a pris la succession de Carla Del Ponte, affirme que les preuves essentielles que les enquêteurs du tribunal avaient collecté ont bien été détruites en 2005, avec l’accord de Carla Del Ponte. « Le Procureur Brammertz estime que la décision de détruire ces éléments de preuve était une erreur, mais ne peut pas commenter une décision interne au tribunal ».
Le Procureur serbe pour les crimes de guerre, Vladimir Vukčević, explique qu’il avait demandé à des responsables du TPIY les raisons de cette destruction, et qu’on lui avait répondu que des éléments de preuve concernant la « maison jaune » mais aussi Srebrenica avait été détruits « selon une procédure habituelle ».
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