Travail environnemental
Le 1er Mai est le jour où on célèbre le refus du travail. Les anciens, nos pères et nos mères, choisirent de ne pas travailler, pour affirmer qu’eux seuls, ce jour là au moins, décidaient de leur propre temps, et de leur propre fatigue, et n’entendaient pas les mettre en vente, à aucun prix.
Les années passèrent et les choses changèrent beaucoup : à l’usine, dans les activités agricoles, dans les transports. Rien ne semblait plus comme avant. Mais le 1er Mai resta comme un jour franc, différent des autres, choisi pour se reposer et pour penser.
Il s’agissait de réfléchir sur les thèmes de la liberté et de l’égalité. Et sur laquelle des deux devait venir avant et laquelle après, on discuta beaucoup. Et puis : quelle liberté ? Egalité pour qui ? Même pour les femmes ? Même pour les gens différents, venus de loin, manger notre pauvre pain ? C’étaient des problèmes très graves, mais un premier mai après l’autre, ils furent tous compris, tous résolus. Et il en sortait toujours d’autres. Le progrès, toujours suivi, toujours trop lointain, ouvrait de nouveaux horizons et créait de nouveaux problèmes. L’usine fordiste… la mondialisation. Mais demeurait, toujours, la dignité.
Puis surgit un autre thème : ça concernait l’environnement. On comprit rapidement qu’il était étroitement relié aux thèmes de la justice et de la pauvreté.
C’est le thème du jour. A Bangkok s’ouvre aujourd’hui (1er mai 2007, NDT) la discussion sur la troisième phase du nouveau rapport Ipcc (Comité intergouvernemental sur les changements climatiques). Le texte final sera publié vendredi, mais on en connaît les minutes. Dans un contexte de profonde injustice et de pauvreté extrême, une partie de la planète – comme nous le savons- sera perdue à moins qu’on ne réduise immédiatement et drastiquement les émissions de gaz de serre. Les instruments possibles existent et sont suggérés ; il y a beaucoup à faire, il faut unir les efforts, utiliser toutes les techniques disponibles, de toute la science humaine en matière environnementale. Ici, les scientifiques sont en premier chef les météorologues, les spécialistes du climat. Ce sont eux, d’accord entre eux, qui décrivent les caractéristiques de notre avenir, ensemble avec les chercheurs de l’énergie, de l’eau, du territoire.
C’est pour cela qu’on est surpris de l’attaque contre Luca Mercalli, un des scientifiques les plus estimés au niveau international que nous ayons, faite par Aldo Grasso, critique fameux de (à) la télévision italienne. On dirait que pour Grasso – et pour le Corriere della Sera– la météorologie en est restée au chalet tyrolien avec son petit bonhomme au parapluie et sa petite bonne femme pour marquer le beau temps.
Celui qui s’écarte de là, devient immédiatement, pour eux, le « gourou de la pluie », un prédicateur environnemental. Grasso et le Corriere lancent « Quel temps il fait », programme télé de toute évidence politique.
Peut-être avaient-ils à l’esprit Alex Zanotelli, venu à la télévision pour parler de sa favela de Nairobi, Korogocho ; et des nouvelles pauvretés, des ordures et de l’eau de Naples, sa dernière terre de mission.
C’est une fête difficile, le 1er Mai. Elle suscite des pensées compliquées*, des engagements différents.
Edition de mardi 1er Mai de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
(pensieri : on pourrait traduire aussi : soucis, idées, NDT)