Triomphe de la défunte droite franquiste en Espagne?

L’établissement de l’État espagnol serait composé des élites financières, commerciales, politiques, judiciaires, militaires, catholiques, universitaires et médiatiques de l’État espagnol, héritiers naturels de l’héritage du général Franco qui aurait englouti toute prise de décision des sphères, selon la lecture du livre Oligarchie financière et pouvoir politique en Espagne(Oligarquía financiera y poder político en España) écrit par l’ex-banquier Manuel Puerto Ducet.

Lesdits lobbies de pression seraient interconnectés au moyen d’ «une alliance agitée basée sur leur communauté d’intérêts économiques et fusionnée par la défense acharnée du régime 78 (mise en place de la Constitution espagnole de 1978) et de «l’unité indissoluble de l’Espagne», et leur objectif avoué serait de mettre en œuvre en Espagne «une démocratie non-violente libérale» dans le sillage de la Hongrie de Viktor Orbán.

Ainsi, lors de la prochaine Assemblée générale, nous pourrions assister au triomphe de la nouvelle Confédération espagnole des droites autonomes (CEDA) qui était une coalition de partis politiques conservateurs espagnols pendant la Seconde République espagnole de 1931 à1939, représentée par le Parti populaire (PP) et le parti d’extrême droite, Vox, (absorption préalable de l’épave du parti de centre droit Ciudadanos) qui formerait un gouvernement de salut national basé sur la triple enzyme franquiste tardive (maintien de l’indissoluble unité de l’Espagne, contrôle strict de l’immigration et retour à une pensée hétéropatriarcale unique) et qu’il gouvernera avec une nette connotation autocratique.

L’autocratie serait une sorte de dictature invisible appuyée par de solides stratégies de cohésion (manipulation de masse et culte du chef) fondées sur le contrôle absolu des médias et la censure et le discrédit social des individus réfractaires au message du chef. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, en serait un paradigme, qui aurait fait de la Hongrie la première autocratie ou «démocratie non libérale» européenne, une doctrine qui, par mimétisme, a été adopté par le reste des pays du Groupe de Visegrad (Pologne, Slovaquie, Tchéquie).

Dans l’hypothèse où le PP arriverait au pouvoir en coalition avec Vox, on assisterait à la mise en place d’une «démocratie illibérale» dans le sillage de Viktor Orbán qui s’abreuverait aux sources du centralisme bonapartisme et du paternalisme des dictatures molles. Cela se traduira par la suppression de la loi sur l’avortement et l’euthanasie, par la modification de la Loi du Parti pour interdire le parti Euskal Herria Bildu (coalition politique basque présente dans la communauté autonome basque, dans la communauté forale de Navarre et dans les communes de l’enclave de Treviño en Espagne) et de la Gauche républicaine de Catalogne (Esquerra Republicana de Catalunya- ERC), par le règlement de la séparation des pouvoirs de Montesquieu ainsi que par la mise en place d’une recentralisation offensive féroce qui supposera la prise en charge par le gouvernement central des pouvoirs de la police et des prisons de Catalogne et d’Euskadi.

Cela signifiera vider de facto de leur contenu les pouvoirs législatifs des parlements régionaux basco-navarrais, des mesures restrictives qui pourraient transformer à la fois la Catalogne, le Pays basque et la Navarre en collectivités autonomes dévaluées, inconservées et soumises aux diktats du gouvernement central ou à la Cour constitutionnelle en service, ce qui pourrait conduire à l’ouverture de la campagne du Nord face à la régression centralisatrice du gouvernement de Madrid.

Pour sa part, le gouvernement catalan, étant donné l’impossibilité légale d’organiser un référendum sur l’autodétermination de la Catalogne, relancera la lutte avec l’État central avec la déclaration de la DUI (Déclaration unilatérale d’indépendance) et attendra, par la suite, la mise en œuvre par le gouvernement central de l’article 155 de la Constitution espagnole de 1978, inclus dans le titre VIII, chapitre 3, celui-ci dote le gouvernement de l’État d’un mécanisme pour contrôler les communautés autonomes qui manquent aux obligations imposées par la Constitution, les lois, ou qui attentent gravement à l’intérêt général de l’Espagne. Cela le ferait apparaître aux yeux du monde comme une victime de l’État espagnol totalitaire.

Germán Gorraiz López, analyste politique



Articles Par : Germán Gorraiz López

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