Trump conclut la Convention nationale républicaine avec une diatribe fascisante

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Donald Trump a officiellement accepté la nomination en tant que candidat du Parti républicain dans les élections présidentielles de 2016 jeudi soir avec une diatribe fascisante prononcée sous les acclamations des délégués dans la salle des congrès à Cleveland, en Ohio.

Contrairement à la plupart de ses discours, les propos de Trump jeudi ont suivi de près un texte préparé, évitant son radotage décousu habituel. Cependant, ce changement de forme n’a pas amélioré la cohérence logique de la pensée de Trump. Plutôt que de mettre en œuvre un programme politique cohérent, son discours était une série des non-sens, unis principalement par leur méchanceté et l’égocentrisme sans limites du candidat.

Trump décrit une Amérique en proie à la crise, dont la source ne réside pas dans l’inégalité, la guerre sans fin, et encore moins le système capitaliste, mais dans le terrorisme, l’immigration illégale, et les criminels qui errent dans les rues. Il a dit que sa «première tâche» serait «de libérer nos citoyens du crime, du terrorisme et de l’anarchie qui menacent leurs communautés».

«Dans cette course à la Maison-Blanche, je suis le candidat de la loi et de l’ordre», a déclaré Trump, promettant d’étendre les pouvoirs de la police.

Tous les problèmes qui affligent le pays, Trump a proclamé, seraient résolus par le don de sa propre personne – par son arrivée au pouvoir. Utilisant le langage de n’importe quel dictateur potentiel, Trump a déclaré: «À partir du 20 janvier 2017, la sécurité sera rétablie» aux États-Unis. S’il est élu, «les Américains vont enfin se réveiller dans un pays où les lois des États-Unis sont appliquées».

Tout au long de sa campagne, Trump, avec une grandiloquence informe, a cherché à diriger l’immense colère et les tensions sociales aux États-Unis derrière un nationalisme extrême. «Nous allons construire un grand mur frontalier pour stopper l’immigration clandestine», a-t-il dit jeudi, «afin d’arrêter les gangs et la violence, et afin d’empêcher les drogues de se répandre dans nos communautés».

Il a également réitéré son appel pour la suspension de l’immigration de «toute nation qui a été compromise par le terrorisme jusqu’à ce que des mécanismes éprouvés de vérification des antécédents aient été mis en place».

Après avoir rappelé la catastrophe au Moyen-Orient qui a été créée par quinze années de guerre, il a fait la transition à une demande pour une escalade massive de la violence militaire dans la région. Si je suis élu président, a-t-il dit: «Nous allons [détruire l’État islamique de l’Irak et la Syrie] maintenant, et nous allons le faire rapidement.»

Plus tard dans son discours, il a fait référence à la Chine, citant «son vol scandaleux de la propriété intellectuelle, ainsi que son “dumping” illégal de marchandises et sa manipulation dévastatrice de la monnaie». Trump a réitéré ses appels pour l’abolition des accords commerciaux existants et pour «une nouvelle politique commerciale équitable qui protège nos emplois et résiste aux pays qui trichent».

Selon la théorie politique proposée par Trump, les immenses contradictions économiques mondiales qui surgissent du déclin prolongé du capitalisme américain doivent être résolues par les méthodes décrites dans son livre, «The Art of the Deal». En fait, le corollaire logique de son nationalisme de «l’Amérique d’abord» est la guerre mondiale, où l’armée américaine est utilisée comme instrument pour faire respecter les intérêts des entreprises américaines partout dans le monde.

Trump a encore une fois cherché à se présenter de manière absurde comme le champion des travailleurs et des pauvres contre les entreprises et l’élite. Pour «les travailleurs d’usine mis à pied», les «hommes et femmes oubliés de notre pays», a-t-il déclaré, «Je suis votre voix.»

Dans la mesure où il a réussi à s’afficher comme un adversaire de l’establishment politique, c’est dû surtout à la haine généralisée envers le Parti démocrate et l’administration Obama. Son affirmation selon laquelle «les grandes entreprises, les médias d’élite et les principaux donateurs font la queue derrière la campagne de mon adversaire» était peut-être la seule déclaration exacte de son discours. Cependant, la tentative de ce milliardaire et magnat de l’immobilier de se présenter comme la «voix» des gens ordinaires est grotesque.

Son engagement à être la voix des sans-voix se résumait à des propositions visant à réduire les impôts, en particulier pour les sociétés, et éliminer les réglementations gouvernementales. En fin de compte, sa promesse de «rendre à l’Amérique sa grandeur» signifie l’élimination de toutes les restrictions sur l’accumulation de la richesse.

Le discours de Trump est l’aboutissement d’une Convention qui marque une nouvelle étape dans la crise de la démocratie américaine. Les conférenciers et les délégués ont lancé des appels à la violence et à la répression, y compris l’arrestation et même l’assassinat d’opposants politiques. Mais derrière l’emphase et des acclamations bruyantes des délégués, un sentiment de démoralisation et de désespoir a prévalu tout au long – l’expression d’une classe dirigeante terrifiée par les bouleversements sociaux à l’horizon.

Le long déclin de la culture politique du capitalisme américain a maintenant atteint le point où un individu comme Trump peut être désigné comme le candidat de l’un de ses principaux partis politiques. En effet, peut-être l’aspect le plus caractéristique du discours de Trump était qu’il tentait de défendre une maladie dont il est le principal symptôme.

Avec la conclusion de la nomination républicaine, le centre d’attention de la politique américaine va maintenant se tourner vers la Convention démocrate, qui commence à Philadelphie lundi. Les démocrates vont sans doute citer le spectacle d’horreur à Cleveland afin d’effrayer la population pour qu’elle soutienne Hillary Clinton.

Les démocrates n’ont cependant pas de solution plus viable à la crise politique et sociale aux États-Unis que l’ont les républicains. Leur convention sera centrée sur une tentative d’encadrer les élections comme un référendum sur la race, en fusionnant la politique identitaire avec la campagne la plus de droitière, proguerre et anti-ouvrière de l’histoire du parti.

Joseph Kishore

Article paru d’abord en anglais, WSWS, le 22 juillet 2016



Articles Par : Joseph Kishore

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