Trump fait pression sur le Guatemala pour qu’il soit «pays tiers sûr»

Washington, 23 juillet – Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a menacé mardi le Guatemala de taxer ses exportations et de lui imposer des frais sur les envois d’argent parce qu’il n’a pas accepté l’accord de « pays tiers sûr » qui l’obligerait à accueillir les migrants qui traversent son territoire. « Le Guatemala, qui a formé des caravanes et a envoyé aux Etats-Unis un grand nombre de personnes, certaines avec des antécédents criminels, a décidé de rompre le traité qu’il avait avec nous pour signer un Accord de pays tiers sûr nécessaire, » a écrit Trump sur Twitter.

« Nous sommes prêts. Maintenant, nous envisageons « l’interdiction », des droits de douanes, des frais sur les envois d’argent ou tout ce qui précède. Le Guatemala ne s’est pas bien comporté, » a-t-il ajouté.

Le président a rappelé qu’il y a 9 mois, « les grands dollars des contribuables étasuniens » destinés à l’aide au développement du Guatemala ont été supprimés.

Ces fonds ont été suspendus par son Gouvernement parce qu’il considère qu’ils n’ont pas atteint les résultats escomptés et n’ont pas été efficaces pour prévenir la migration illégale vers les Etats-Unis. Dans l’année fiscale 2018 qui s’est achevée le 30 septembre dernier, les Etats-Unis ont destiné quelques 149 000 000 de dollars au Guatemala pour améliorer les conditions qui provoquent la migration.

Trump, que a fait de la lutte contre l’immigration illégale l’un de ses chevaux de bataille, avait prévu de recevoir le 15 juillet à la Maison Blanche son homologue du Guatemala, Jimmy Morales, au moment où augmente l’arrivée en territoire étasunien de sans-papiers d’Amérique Centrale, la plupart guatémaltèques.

Mais Morales a annulé le rendez-vous après que la Cour Constitutionnelle (CC) ait décidé que tout accord pour convertir le Guatemala en « pays tiers sûr » pour les migrants qui demandent l’asile devra être approuvé d’abord par le Congrès.

« Nous avions un accord et ensuite (…) ils ont annoncé qu’ils ne pouvaient pas le signer parce qu’ils avaient une sentence de la Cour Suprême. En d’autres termes, ils ne voulaient pas le signer, » a réaffirmé Trump un peu plus tard, lors d’une rencontre avec des adolescents.

Le Gouvernement de Morales, dont le mandat s’achèvera en janvier, a nié le fait que le but de la réunion avec Trump ait été de signer cet accord bien que des fonctionnaires guatémaltèques aient reconnu l’existence de négociations avec les Etats-Unis.

Dans un message qu’elle a posté sur Twitter mardi, la chancelière guatémaltèque, Sandra Jovel, a rendu responsables des menaces de Trump ceux qui ont agi légalement pour empêcher Morales de concrétiser cet éventuel accord parmi lesquels un ex-candidat à la présidence, un groupe d’ex-chanceliers et le médiateur.

Les candidats au ballotage du 11 août Sandra Torres et Alejandro Giammattei ont critiqué cet accord car ils considèrent que le Guatemala n’est pas prêt à recevoir des migrants.

Le 15 juillet, jour où la visite de Morales a été annulée, le Gouvernement de Trump a annoncé une règle qui restreint l’accès à l’asile aux Etats-Unis pour es migrants qui arrivent du Mexique, ce qui en fait, implique que la plupart des Centraméricains devront chercher refuge au Guatemala ou au Mexique.

Cette mesure, qui est entrée en vigueur il y a une semaine, a déjà été l’objet de plaintes devant les tribunaux.

L’économie guatémaltèque dépend énormément de l’argent que ses émigrés envoient à leur famille, principalement des Etats-Unis. Selon le rapport de juillet de la Banque du Guatemala, les envois d’argent aux familles ont dépassé les 4 900 000 000 de dollars au premier semestre de cette année, 12% de plus qu’à la même période l’année dernière.

Les Etats-Unis sont le premier partenaire commercial du Guatemala avec lequel il fait partie du Traité de Libre Commerce entre les Etats-Unis, l’Amérique Centrale et la République Dominicaine (CAFTA-DR) en vigueur depuis 2006.

Le commerce bilatéral a atteint quelques 11 365 000 000 de dollars en 2018 sur lesquels quelques 3 900 000 000 correspondent à des produits guatémaltèques, selon les données officielles du Guatemala.

Ce n’est pas la première fois que Trump menace de représailles économiques un pays sous prétexte qu’il ne freine pas l’immigration illégale vers les Etats-Unis. Fin mai, Trump a menacé d’imposer des droits de douanes progressifs de 5% à 25% aux importations du Mexique, son principal partenaire commercial.

Après d’intenses négociations, les 2 pays ont obtenu le 7 juin un accord encore sujet à l’évaluation des 90 jours. Selon ce qui a été négocié, le Gouvernement mexicain s’est engagé à prendre « des mesures sans précédent » pour arrêter les migrants, en particulier sur sa frontière avec le Guatemala. En échange, les Etats-Unis ont « suspendu indéfiniment » les taxes.

Le Gouvernement du Mexique a insisté depuis dans son refus de devenir « pays tiers sûr. »

Les Etats-Unis ont atteint un record de 144 000 immigrants sans papiers sur la frontière avec le Mexique en mai, un pic en 13 ans. En juin, le chiffre s’est situé à 104 000, une augmentation de 142% par rapport à l’année précédente.

La plupart sont des familles de ce qu’on appelle le Triangle d’Amérique Centrale (Guatemala, Honduras et Salvador) qui fuient la pauvreté et la violence dans leurs pays.

 Source en espagnol : la Jornada sin Fronteras

EEUU. Trump presiona a Guatemala para que sea «tercer país seguro», Resumen latinoamericanos, le 23 juillet 2019

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos



Articles Par : Resumen Latinoamericano

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