Trump intime l’ordre à l’Iran de renoncer à ses armes de défense “parfaitement légales”

L’administration Trump exige que l’Iran abandonne son programme de missiles stratégiques dans le cadre de tout accord nucléaire. Mais les missiles balistiques iraniens ne violent pas le droit international et on ne peut invoquer aucun traité mondial pour les interdire. L’article 51 de la Charte des Nations unies stipule clairement que les pays ont le droit souverain de développer des armes conventionnelles pour leur légitime défense, ce qui signifie que le programme de missiles de l’Iran est parfaitement légal. L’Iran a parfaitement le droit de construire autant de missiles qu’il le souhaite, et il n’est pas tenu d’obtenir l’accord de Washington pour cela. Plus important encore, l’Iran a besoin de ces missiles pour se défendre contre toute attaque potentielle des États-Unis et d’Israël. Il ne s’agit pas simplement du droit souverain de l’Iran à l’autodéfense, mais d’une question de sécurité régionale déjà fortement mise à mal par les hostilités persistantes entre les États-Unis et Israël au Moyen-Orient. Un Iran fort et bien armé sert de moyen de dissuasion à une intervention des États-Unis et d’Israël, ce qui augmente les perspectives de paix dans la région.

Trump a également ordonné à l’Iran de mettre fin à ses relations avec ses alliés régionaux, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis. Si l’on associe cette exigence à l’ordre donné par Trump à l’Iran d’abandonner son programme de missiles balistiques, on comprend mieux son objectif stratégique global, qui est d’affaiblir et d’isoler l’Iran au point qu’il soit incapable de se défendre contre l’agression américaine. Tel est l’objectif clair de ce dernier tour de passe-passe politique : inciter l’Iran à œuvrer à sa propre perte.

En réfléchissant à ces nouvelles exigences, on ne peut s’empêcher de se demander si tout cela est en lien avec le programme d’enrichissement nucléaire de l’Iran ou s’il s’agit simplement d’une ruse visant à dissimuler le véritable motif de Trump, à savoir le désarmement de l’Iran. En effet, d’après les faits que je viens de présenter, il ne semble pas que Trump cherche à négocier, mais qu’il menace simplement l’Iran en disant : « Déposez les armes et personne ne sera blessé ». N’est-ce pas une description fidèle de la situation ? Voici un extrait d’un article paru dans Iran International :

‘Le chef suprême de l’Iran, Ali Khamenei, a exclu samedi toute possibilité de négociation avec les États-Unis, dans son premier discours public après que le président Donald Trump a déclaré lui avoir envoyé une lettre.

‘L’insistance de certains gouvernements arrogants à mener des négociations ne vise pas à résoudre les problèmes, mais plutôt à affirmer leur domination et à imposer leurs exigences’, a déclaré Khamenei lors d’une réunion avec des responsables iraniens à Téhéran. ‘La République islamique d’Iran n’acceptera certainement pas leurs exigences’, a-t-il ajouté…

“En réponse au rejet par Khamenei de l’appel de Trump à négocier un accord sur le nucléaire, la Maison Blanche a réitéré samedi l’affirmation du président américain selon laquelle Téhéran peut être affronté soit militairement, soit via un accord.

‘Nous espérons que le régime iranien fera passer son peuple et ses intérêts avant la terreur’, a déclaré Brian Hughes, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, dans un communiqué.

“La chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen a rapporté samedi que Téhéran a refusé d’entamer des négociations nucléaires avec les États-Unis dans les conditions fixées par l’administration américaine actuelle.

‘Aucune discussion sur les capacités en matière de missiles et l’influence régionale’.

“Khamenei a déclaré que le problème de l’Occident ne se limite pas au programme nucléaire de Téhéran. ‘Pour eux, les négociations sont plutôt un moyen de formuler de nouvelles exigences, notamment des restrictions sur les capacités de défense et l’influence internationale’.

“Alors que Téhéran soutient que son programme de missiles balistiques est purement défensif, l’Occident le considère comme un facteur de déstabilisation dans un Moyen-Orient explosif et en proie aux conflits”. Khamenei rejette toute négociation avec les États-Unis dans son premier discours après la lettre de Trump, Iran International

Comme vous pouvez le constater, les médias iraniens confirment ce à quoi nous nous attendions, à savoir que les exigences de Trump ne visent pas la dénucléarisation, mais le désarmement et l’isolement. D’autres preuves viendront étayer cette analyse ultérieurement.

Les médias occidentaux ont accompli un excellent travail d’obscurcissement des faits dans cette affaire, et ont concocté un récit au rabais qui accuse l’Iran d’une crise dont Trump est entièrement responsable. Heureusement, (comme l’indique l’article) l’Iran refuse de se laisser intimider par Trump, ce qui est non seulement admirable, mais aussi judicieux. Certains lecteurs se souviendront peut-être de ce qui est arrivé au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, renversé par les forces soutenues par les États-Unis il y a plus de dix ans. Kadhafi a été amené par la ruse à renoncer à ses programmes d’armes de destruction massive, notamment ses capacités nucléaires, chimiques et de missiles balistiques, après quoi il a été renversé et sauvagement assassiné par les forces dirigées par l’OTAN en 2011. Sa volonté de désarmer a entraîné sa mort prématurée et l’anéantissement de son pays. L’Iran ne doit pas suivre la même voie. Il doit accroître son arsenal et se préparer à la guerre.

Les lecteurs se souviendront peut-être que Trump a tenté une manœuvre similaire avec Kim Jong Un de Corée du Nord. En février 2019, l’équipe de négociation de Trump, dirigée par le conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, s’est réunie à Hanoï pour mener des pourparlers de dénucléarisation. Durant les négociations (au cours desquelles Kim a montré un réel intérêt à s’engager dans une “dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible”), Bolton a ajouté une clause létale à la dernière minute, rendant tout accord impossible. Il a exigé que Kim renonce non seulement à son programme d’armement nucléaire, mais aussi à ses capacités en matière de missiles balistiques. Cette exigence s’est avérée le principal motif de désaccord, reflétant l’objectif plus large de l’administration Trump de désarmement complet (et de destruction éventuelle) de la RPDC. En bref, Trump a changé les règles du jeu à la dernière minute et saboté l’accord, éliminant ainsi la possibilité d’une réconciliation Nord-Sud et d’une péninsule coréenne dénucléarisée. C’est l’histoire inédite des négociations Trump-Kim qui n’est jamais apparue dans les médias. Le “candidat de la paix” a délibérément saboté sa propre initiative.

Une histoire similaire se déroule en ce moment même, mais les enjeux sont bien plus importants. Nous sommes littéralement au bord d’une guerre qui pourrait tuer des millions de civils et plonger de grandes parts du monde dans le chaos.

A noter d’ailleurs les exigences de Trump ne peuvent se fonder sur aucune base légale. Aucun pays, aussi puissant soit-il, n’a le droit de dicter à un tiers s’il peut ou non posséder des missiles balistiques, s’allier à untel ou untel, ou encore développer l’énergie nucléaire. Selon l’article IV du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) :

“Toutes les parties au traité jouissent du “droit inaliénable” de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination. Cela inclut le droit de participer à l’échange le plus complet possible d’équipements, de matières et de renseignements scientifiques et technologiques à des fins pacifiques”.

L’Iran a non seulement signé le TNP, mais il a également montré à plusieurs reprises sa volonté d’apaiser les craintes de ses détracteurs en acceptant des protocoles additionnels et des mesures de “confiance” qu’aucun autre membre n’a jamais été tenu de prendre. En d’autres termes, ils se sont laissés traiter comme des citoyens de seconde zone qui doivent respecter des restrictions spécialement conçues pour apaiser leurs éternels antagonistes à Washington et Tel-Aviv. Est-ce bien raisonnable ?

La communauté internationale, y compris l’ONU et l’AIEA, a toujours affirmé que l’Iran, comme tout signataire du TNP, dispose d’un droit légitime à l’énergie nucléaire pacifique. C’était l’un des principes clés du JCPOA, en vertu duquel l’Iran est autorisé à maintenir un programme d’enrichissement limité (jusqu’à 3,67 %) sous stricte surveillance en échange d’un allègement des sanctions.

En d’autres termes, l’Iran a accepté le régime contraignant d’inspection imposé par les États-Unis et a agi de bonne foi en espérant que Washington “tiendrait parole” et respecterait sa part du marché. Mais les États-Unis ont trahi leur parole lorsque Trump s’est soudainement déchargé de ses engagements et s’est retiré.

Mais pourquoi ? Pourquoi Trump a-t-il abandonné le JCPOA alors que le traité prévoyait un régime d’inspections hypervigilant garantissant que l’Iran ne destine pas l’uranium enrichi à un programme secret d’armement nucléaire ?

Pourquoi ?

À cause d’Israël, voilà pourquoi. Parce qu’il n’a jamais été question de “programmes secrets d’armement nucléaire”. Cela a toujours été un prétexte bidon pour intimider, harceler et diaboliser l’Iran. L’objectif réel est clairement affiché dans la liste des exigences de Trump. Ce qu’il veut, c’est le démantèlement complet des systèmes d’armes de défense de l’Iran, ainsi que l’isolement forcé et l’encerclement militaire de ce pays. Les États-Unis et Israël veulent un Iran vulnérable qui sombrera dans l’anarchie après les frappes aériennes (nucléaires) massives et les opérations de décapitation qui se profilent dans un avenir proche. L’objectif est de faire en sorte qu’Israël devienne la puissance dominante dans la région.

Au fait, Grok, le robot à intelligence artificielle d’Elon Musk, partage notre analyse de base sur la question. Jetez-y un œil :

“Depuis le 3 avril 2025, durant son second mandat de président des États-Unis, Donald Trump exige de l’Iran un train de concessions complet pour parvenir à un nouvel accord sur le nucléaire ou à tout autre accord plus large. Son approche, baptisée “pression maximale 2.0”, s’appuie sur les politiques de son premier mandat, mais se veut plus agressive, visant non seulement à freiner le programme nucléaire iranien, mais aussi à démanteler son influence régionale et ses capacités militaires…

Voici une analyse détaillée des exigences de Trump, basée sur des déclarations publiques, des documents politiques et des rapports :

1. Arrêt complet et démantèlement du programme nucléaire

Pas de programme d’enrichissement…. Démanteler les infrastructures… la destruction ou le contrôle international des infrastructures nucléaires iraniennes, y compris les centrifugeuses et les réacteurs à eau lourde. … “démantèlement vérifiable” de toutes les installations liées au nucléaire, selon une fiche d’information de la Maison Blanche…. Inspections permanentes : ‘accès 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à tous les sites, y compris les sites militaires’”. (Grok)

(Remarque : aucune des conditions ci-dessus n’est requise en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Trump invente purement et simplement toutes les restrictions qui lui passent par la tête afin de pouvoir invoquer la “non-conformité” et lancer des frappes aériennes.) Voici d’autres informations de Grok :

“2. Abandon du programme de missiles balistiques – Démantèlement complet : Trump exige que l’Iran abandonne l’intégralité de son programme de missiles balistiques, y compris les missiles à courte, moyenne et longue portée tels que les séries Shahab, Emad et Khorramshahr…

“3. (L’Iran doit) mettre fin à ses alliances avec ses alliés et représentants régionaux…

“Hezbollah, Houthis, Hamas : Trump insiste pour que l’Iran cesse tout soutien financier, militaire et politique à des groupes tels que le Hezbollah (Liban), les Houthis (Yémen) et le Hamas (Gaza), qu’il qualifie de ‘proxys terroristes’”. (Grok)

Comme vous pouvez le constater, rien de tout cela ne concerne l’enrichissement nucléaire, les programmes d’armement secrets ou la non-prolifération. Ce à quoi nous assistons, c’est au comportement prévisible d’un politicien propulsé dans le bureau ovale grâce à plus de 100 millions de dollars de contributions électorales de riches donateurs sionistes. À mon humble avis, ces dons ont été faits en toute connaissance de cause, pour que Trump déclenche une guerre contre l’ennemi le plus redoutable d’Israël, l’Iran.

Les États-Unis se sont laissés entraîner dans un nouveau bain de sang au Moyen-Orient sous la pression exercée par l’élite des donateurs israéliens.

Mike Whitney

 

Article original en anglais :  https://www.unz.com/mwhitney/trump-orders-iran-to-give-up-its-perfectly-legal-defensive-weapons/

Traduction : Spirit of Free Speech



Articles Par : Mike Whitney

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