Un avion d’Air France de nouveau interdit de survol
Interdiction de survoler le territoire des États-Unis
États-Unis . Washington ordonne encore le détournement d’un appareil pour cause de présence à bord d’un militant progressiste.
Ce mardi 19 août, le vol de ligne Air France qui relie Paris à Mexico sans escale (vol AF438) a reçu des autorités des États-Unis une interdiction de survoler leur territoire, ce qui l’a obligé à contourner la Floride et le golfe du Mexique, prolongeant sa durée de vol de cinquante minutes. Motif de ce détour qui a coûté bien cher à la compagnie en combustible et aux passagers qui ont raté leur correspondance : la présence à bord de Paul-Émile Dupret, juriste belge, conseiller du groupe GUE-GVN du Parlement européen, militant altermondialiste et des droits de l’homme, qui se rendait a l’assemblée du Forum de Sao Paolo avec une délégation parlementaire.
C’est la deuxième fois que Washington décide d’une telle mesure. Il y a quelque mois, un autre appareil empruntant cet itinéraire a également été détourné de sa route habituelle à cause de la présence à son bord du journaliste colombien Hernando Calvo. Cette fois-là l’appareil, ne disposant pas du carburant nécessaire pour contourner les États-Unis, avait dû faire une escale dans les Caraïbes (lire notre édition du 27 avril 2009).
Paul-Émile Dupret a été informé par Air France qu’il ne pourra pas prendre le vol direct de retour du Mexique vers Paris et qu’il devra donc faire une escale dans un pays d’Amérique centrale. Selon le juriste, il existe entre son propre cas et celui de Hernando Calvo des similitudes intéressantes. Tous deux ont dénoncé par des voies pacifiques les politiques agressives de certaines transnationales des États-Unis dans le monde et les méthodes violentes utilisées par ce pays pour les imposer ; tous deux ont dénoncé le plan Colombie et la loi Helms-Burton ; tous deux ont salué, notamment par des articles dans le Monde diplomatique, le fait que surgissent des alternatives prometteuses dans des pays comme le Venezuela, la Bolivie, l’Équateur, entre autres…
Paul-Émile Dupret estime que les autorités US savent très bien qu’il n’est lié à aucune armée, qu’il ne fait pas de prosélytisme de la lutte armée et que, au contraire, il a toujours plaidé en faveur d’issues pacifiques aux conflits que connaissent des pays tels que la Colombie, la Palestine ou plus récemment le Honduras. Ce type de comportement mesquin des États-Unis qui prohibent une partie de leur territoire à plus de 10 000 mètres d’altitude, n’aura, souligne encore Paul-Émile Dupret, pas l’effet escompté d’intimider ceux et celles qui s’opposent aux agissements et aux privilèges des transnationales et à la militarisation néolibérale.
Au-delà du caractère hallucinant et liberticide de la décision de Washington et du flicage international que cela signifie, c’est la soumission de la France et de l’Union européenne à ce type d’agissements qui interpelle. Quand on sait combien de véritables tortionnaires de la CIA (voir notre article ci-dessus) ont pu voyager en toute quiétude et liberté sur le territoire européen.