Un évêque du Nordeste en grève de la faim depuis une semaine pour protester contre la transposition des eaux du São Francisco
L´évêque de Barra (Bahia, Brésil), D. Luis Cappio, franciscain, 58 ans, a entrepris le 26 septembre dernier une grève de la faim contre le projet de transposition des eaux du fleuve São Francisco, une des principales artères fluviales du Brésil (on l´appelle ‘fleuve de l´intégration nationale’). Soumis depuis des décennies à une exploitation effrénée qui a fini par mettre en péril sa propre survie, le ‘ »Vieux Chico » comme on le surnome tendrement, est aujourd´hui promis à une opération largement contestée dans tout le nordeste brésilien: la transposition de ses eaux afin – selon les défenseurs du projet assumé par le Gouvernement Lula – d´amener l´eau qui manque tant aux populations nordestines. En réalité, il y a fort à parier que derrière ce projet se cache la permanente et cynique posture de l´oligarchie nordestine, celle qui consiste à invoquer la sécheresse chronique pour maintenir son emprise politique, sociale, écomnomique, sur des populations séculairement dominées dans un vaste système de clientélisme. C´est ce qu´on appelle l´industrie de la sécheresse, au nom de laquelle sont engloutis des millions dans une série d´ ‘éléphants blancs’ (grands projets) qui sont autant d´aubaines pour les finances du secteur des entreprises de construction et de l´agribusiness grand consommateur en eaux d´irrigation. Dans le cas précis il est établi qu´un pourcentage infime de la population (4%) qui en aurait besoin recevra un apport d´eau pour son usage quotidien. Seulement 5% du biome du semi-aride brésilien est touché par ce projet. Pour le prix qu´il risque de coûter on pourrait investir dans des alternatives bien plus efficientes comme par exemple un vaste programme de citernes domestiques pour l´entreposage des eaux de pluie, sachant que le problème clé du nordeste brésilien n´est pas tant le faible niveau des pluies (de ce point de vue il y a beaucoup de régions dans le monde en bien pire situation) mais la forte évaporation, qui a pour effet un déficit hydrique (l´évaporation retire 3 fois plus d´eau que n´en amènent les précipitations). C´est dans ce contexte que les organisations populaires et beaucoup de spécialistes, défendent pour cette région le développement de stratégies nouvelles de ‘convivence’ de la société avec le ‘semi-aride’.
Dom Cappio a informé qu´il n´arrètera sa grève que si la décision du Gouvernement fédéral de réaliser la transposition est révoquée.
Il est essentiel que soit donnée une large information à cette action et que de nombreux messages soient envoyés aux adresses mentionnées ci-après. D´avance merci!