Une constitution pour l’économie, pourquoi ?

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Le projet d’une constitution pour l’économie a enfin démarré le 18 mai 2009 sous la forme d’un wiki dont voici le lien : www.ecce.name.

Pour expliquer ce qu’est un wiki, je reprends ici la définition de Wikipédia : « Un wiki est un  logiciel de la famille des systèmes de gestion de contenu de site web rendant les pages web modifiables par tous les visiteurs y étant autorisés. Il facilite l’écriture collaborative de documents avec un minimum de contraintes. » Paul Jorion (qui est à l’origine d’ECCE) précise : « Le principe du Wiki, c’est la communication horizontale. La conception d’une avant-garde guidant les masses peut se défendre mais certainement pas dans le cadre d’un Wiki, dont le concept est tout à l’opposé. »

Jean-luce Morlie nous explique pourquoi un tel projet a vu le jour maintenant :

« Le délabrement du système économique exacerbe sa propension à produire de l’inégalité ; les espérances, modestes, de milliards de vies sont piétinées, l’écœurement vient. Les experts n’ont rien vu venir, les capitaines d’opérettes donnent des ordres pour encore croire à leur casquette. La tempête vient, c’est aussi le moment où les femmes sortent et, coudes soudés, s’adossent à la digue pour la faire tenir. Des forces se lèvent, certaines chercheront à rétablir l’égalité en pendant les coupables par les pieds, et d’autres nous taperont sur l’épaule : « Voici le temps de s’y mettre ensemble ». Mille chantiers peuvent s’ouvrir, une « constitution pour l’économie » est un chantier parmi d’autres et il y en aura tant que peu importe à quoi chacun s’attelle, mais il importe que chaque chantier produise de l’égalité. Cherchons comment au travers d’un Espace Collaboratif vers une Constitution pour l’Economie – nous pouvons engendrer, égalité et fraternité. »

En effet, pour ceux qui croient encore que l’économie mondiale va redémarrer, il est temps de faire une piqûre de rappel.

Pour résumer la situation, je vous invite à regarder la vidéo suivante, dans laquelle Jacques Attali fait un bilan que j’estime en deçà de la vérité et prédit le tsunami à venir : http://www.dailymotion.com/swf/x99fg2 .

Pour mieux vous prouver que la crise actuelle est une catastrophe largement supérieure à celle de 1929, inutile de vous abreuver de chiffres, je retiendrai donc l’essentiel :

–         le cabinet spécialisé RealtyTrac a ainsi annoncé que 342 000 procédures de saisies immobilières ont ainsi été enregistrées en avril 2009 aux USA soit 11 000 saisies par jour.

–         650 000 emplois par mois sont détruits aux USA et 65 000 en France. Ceci est valable dans le monde entier.

Il existe de plus de nombreux points que les médias dans leur ensemble vous cachent, en voici le résumé :

–         Le dollar et la livre sterling (entre autres) sont en phase avancée de destruction.

–         Après la FED le 18 mars (le jour où le dollar est mort), la BCE achète en secret de la dette (60 milliards d’euros) ce qui lui est normalement totalement interdit. D’ailleurs la chancelière allemande Angela Merkel, écoeurée l’a dénoncée elle même :
 http://online.wsj.com/article/SB124398546796379239.html.

–         L’indice Dow Jones (qui regroupe les 30 premières sociétés cotées à Wall Street) ne s’effondre pas car Général Motors et Citigroup ont été retirés de l’indice. On évalue donc ce qui fonctionne encore en écartant systématiquement les victimes de la crise actuelle et je ne parle même pas des magouilles comptables mises en place(voir crise systémique : les solutions n°5).

–         9 trillions de dollars ont été « perdus » par la FED :
http://suntzu.vox.com/library/video/6a00fa96a53a4c000201101608c147860b.html
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–         Les Etats US sont pour la plupart ruinés comme la Californie qui est en cessation de paiement (je l’avais annoncé l’année dernière) :
http://pacific.bizjournals.com/pacific/stories/2009/06/01/daily23.html.

–         Le peuple américain est en train de payer les pots cassés comme par exemple la nationalisation masquée de Citigroup dont l’état fédéral détient désormais 34% du capital (qui ne vaut plus rien).

–         L’Organisation internationale du travail (OIT) dans son rapport du 10 juin 2009 affirme que le nombre d’enfants contraints de travailler avoisine aujourd’hui 218 millions et que cela devrait s’aggraver avec la crise. Pire encore, 1,8 million d’enfants, principalement des filles, sont victimes d’exploitation sexuelle.

Encore plus fort, les systèmes de retraites vont être détruits et cela dans le monde entier. Ainsi, le plan Rattner le “Monsieur Sauvetage Automobile” de Barack Obama est en train de dépouiller la caisse de retraite et d’assurance maladie de Général Motors en échangeant 6 milliards de dollar de ce fond contre des actions GM sans valeurs. Dans quel but ? Rembourser la mise des banques Morgan Stanley et Citibank. Pour ceux qui croient encore que Barack Obama va changer quoi que ce soit, voici une réalité qui devrait vous éclairer.

Les économistes, obsédés par les colonnes, les chiffres ont oublié de se rendre compte qu’ils analysent du vent car tous ces chiffres ont été manipulés, tronqués et d’ailleurs, ne représentent plus rien.

La phase I de la crise, qui était à l’origine financière, est donc passée à la phase II en affectant l’économie de façon profonde. La phase III sera la phase sociale et le pire est à craindre. Le durcissement des lois, la mise en place d’une société plus surveillée et contrôlée doit être analysé selon cette perspective. La guerre viendra bientôt (en septembre) apportant son lot de catastrophes et permettant de faire oublier que notre système économique est détruit.

Nous sommes donc quelques-uns à comprendre que nous allons droit dans le mur et à proposer une alternative.

Le marxisme, pendant des années s’est opposé à la violence destructrice du capitalisme et les avancées sociales ont été colossales. Il n’y a qu’à relire « Germinal » de Zola pour comprendre. Cette idéologie était le contrepoids naturel de la révolution industrielle mais, aujourd’hui, le monde a changé, il convient de dépasser le communisme et comme le dit Paul Jorion : «Il faut radicaliser Marx dans l’analyse ».

Pour comprendre, je reprends ses propos qui illustrent de façon brillante ce que nous sommes de plus en plus nombreux à penser :

« Qu’on m’entende bien : ce que Marx a écrit sur l’économie domine de beaucoup en qualité ce qui fut écrit par la suite et sa théorie de l’intérêt en particulier, comme partage du surplus, constitue – bien que conçue antérieurement – un progrès sensible par rapport à celle en termes de préférence pour la liquidité, que Keynes introduisit. L’œuvre de Marx ne constitue pas pour autant un horizon critique indépassable.

Il faut radicaliser Marx dans l’analyse, non seulement en mettant en évidence les rapports de force – c’est-à-dire le politique – à l’intérieur de la formation des prix et la confirmation de ces rapports de force du fait de ceux-ci, mais aussi en distinguant clairement au sein de la « bourgeoisie », les capitalistes (qui perçoivent l’intérêt – comme Marx l’avait pourtant compris dans ses notes devenues par les soins d’Engels le troisième volume du Capital) des entrepreneurs (qui s’approprient eux le profit) au sein d’une structure tripartite dont le troisième élément est constitué des salariés, le prolétariat de Marx : ceux que l’on convie à la table une fois celle-ci desservie. La concentration des richesses est inscrite dans cette structure comme sa dynamique et seule sa compréhension complète peut déboucher sur des propositions de réforme ayant quelques chances de réussite.

La critique des analyses de Marx et de Keynes (Marx à l’usage des banquiers) a été produite durement par les péripéties historiques de leurs applications. Keynes a servi d’alibi à toutes les politiques antisociales des cinquante dernières années. Marx, en proposant la dictature du prolétariat comme remède (le degré zéro de la réflexion politique), a engendré un monstre liberticide qui assura qu’on ignorerait pour cent ans ce qu’il y avait pourtant à retenir dans son œuvre. Si la liberté absolue accordée au plus fort de faire comme il l’entend était bien la thèse, la suppression de la liberté pour tous n’était elle encore que l’antithèse. La synthèse viendra mais comme résolution authentique de toutes les contradictions. »

Les partis politiques de gauche, comme de droite devraient s’inspirer de cette analyse, car, au fond, il n’existe que 2 classes d’hommes : les 1% profitants de façon éhontée du système et nous, les autres. Les querelles, les dissensions des uns contre les autres ont été artificiellement créées afin de nous diviser et ceci dans le droit fil des idées de Sun Tzu et de Machiavel. Il existe en effet une base théorique de la domination et de la gestion du troupeau (nous) et je vous invite à lire « l’art de la guerre » (Sun Tzu), « La république » de Platon et « Le prince » de Machiavel. Tout est là !

Pour faire court, je reprends les propres termes de Platon : « L’Etat qui veut prospérer dans l’harmonie favorisera une élite ». Lorsque l’on voit comment cette élite gère notre planète, cela nous laisse rêveur.

Donc, bien sûr, on nous cache la réalité comme dans le mythe de la caverne(http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythe_de_la_caverne ) une réalité simple et atroce occultée par l’histoire officielle (nos livres d’histoire racontent n’importe quoi !). Des exemples ? J’en retiendrai un seul, celui d’Hitler. On a beaucoup parlé de ses crimes, cependant, on a oublié de préciser qu’il n’était que l’employé des multinationales (IG farben, Général Motors et IBM entre autres). Les camps de la mort étant avant tout des camps d’extermination d’esclaves exploités par celles-ci car n’oublions pas leur maxime « Arbeit macht frei », le travail rend libre, tout un programme ! Pour ceux qui oseraient contredire cela, je les invite à visionner l’excellente vidéo de Jacques Pauwels (historien et chercheur à l’université de Toronto) qui fournit des preuves irréfutables :   http://www.dailymotion.com/video/x10hfx_le-mythe-de-la-bonne-guerre_politics

Les débats stupides sur les chambres à gaz n’ayant qu’un seul objectif, masquer cette réalité car comme l’affirme Noam Chomsky « Structurellement, l’équivalent politique de l’entreprise est l’Etat totalitaire. »

Benito Mussolini avait lui-même donné sa définition du fascisme : «Le Fascisme devrait plutôt être appelé Corporatisme, puisqu’il s’agit en fait de l’intégration des pouvoirs de l’état et des pouvoirs du marché. »

Or, le corporatisme peut être assimilé à une entreprise criminelle car, comme l’affirme l’économiste Howard Scott : «Un criminel est une personne avec des instincts prédateurs qui n’a pas suffisamment de capital pour former une corporation. » 

Pourtant, ce système est voué à l’échec car l’être humain est un être bidimensionnel dont les opposés sont en constant équilibre. La dictature, en imposant l’unidimensionnalité de la pensée échouera car elle est contraire à la nature même de l’homme, ce que résume Carl Gustav Jung :

« Les chinois ont toujours reconnu les paradoxes et les polarités inhérents à ce qui est vivant. Les opposés s’équilibrent l’un l’autre – un signe de haute culture. L’unidimensionnalité, bien qu’elle donne de l’élan, est une marque de barbarisme ».

En conclusion, ce monde est une abomination et, si nous ne faisons rien, la catastrophe est au bout. Isaac Newton avait d’ailleurs affirmé que la science pouvait tout mesurer, sauf la folie des hommes. Ainsi, la crise systémique actuelle marque la fin d’une époque, ce que résume Raoul Vaneigem : « A quoi reconnaît-on la fin d’une époque ? A ce qu’un présent soudain insupportable condense en peu de temps ce qui fut si malaisément supporté par le passé. De sorte que chacun se convainc sans peine ou qu’il va naître à lui-même dans la naissance d’un monde nouveau, ou qu’il mourra dans l’archaïsme d’une société de moins en moins adaptée au vivant. »

Nous devons donc repenser le système dans son ensemble, redéfinir les rapports sociaux qui ne doivent plus être basés sur la domination, mais sur la coopération, l’employé devenant partenaire. Notre planète, en danger, nous rappelle constamment que nous ne formons qu’un ensemble : l’espèce humaine, et que seule la coopération peut nous aider à sortir du pétrin dans lequel nous sommes.

Une constitution pour l’économie doit être une des réponses et j’en suis sûr, s’imposer car au final, pour reprendre la célèbre phrase de Victor Hugo : « Il y a une chose plus forte que toutes les armées du monde, c’est une idée dont le temps est venu. »



Articles Par : Gilles Bonafi

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