Une nouvelle victoire du War Party

L’art de la guerre

Le War Party (WP), le parti transnational de la guerre, a inscrit un nouveau succès dans son livre d’or : la guerre de Libye. Décidée par la Coupole du pouvoir -le plus grand organe dirigeant dont la composition est secrète, mais dont, comme on sait, font partie les délégués des plus influents groupes multinationaux et financiers et de l’appareil militaro-industriel – elle a été magistralement conduite par le Secrétariat transnational, en fomentant et en armant la dissidence interne (à travers des agents secrets et des commandos infiltrés) pour la faire apparaître comme une « révolution ». Le secrétaire général du WP, Barack Obama, soulignant que « la mort de Kadhafi démontre la justesse de notre rôle pour protéger le peuple libyen », annonce que de cette façon « nous avons rénové le leadership américain dans le monde ». Washington a mis « un masque européen sur le commandement de l’opération », expliquent des fonctionnaires de l’administration, mais ce sont les Etats-Unis qui ont été « la colonne vertébrale de l’opération OTAN », en fournissant aux alliés du renseignement, l’approvisionnement des chasseurs en vol et des bombes à guidage de précision. Dans cette guerre -souligne le vice-président d’Obama, Joseph Biden – « nous n’avons pas perdu une seule vie » : donc, plus que celles du passé, cette guerre indique « comment se comporter avec le monde pendant que nous avançons ».

L’opération en Libye, expliquent les fonctionnaires, prouve que « les dirigeants de certaines puissances de moyenne grandeur peuvent être renversés à distance », sans envoyer de troupes sur le terrain, en utilisant des armes aériennes et navales et en faisant assumer aux alliés, dans ce cas européens et arabes, le « poids le plus grand » de l’opération. Indubitable est le mérite des membres du Secrétariat du WP, surtout le français Sarkozy. Après la « normalisation » avec la Libye, celui-ci fût le premier à accueillir Kadhafi avec tous les honneurs à Paris, en décembre 2007 (un an et demi avant que Berlusconi le reçût à Rome), en stipulant un accord de 10 milliards d’euros pour fournir à la Libye des centrales nucléaires et en engageant la Libye dans des négociations exclusives avec la France pour l’achat d’armements, parmi lesquels des chasseurs Rafale. A peine plus de trois ans après, ce sont justement les Rafale français qui ont attaqué la Libye, quand la Coupole du pouvoir a décidé que la meilleure façon d’exploiter les ressources libyennes n’étaient pas les accords mais la guerre. En mars dernier, un fils de Kadhafi déclara que la Libye avait contribué à financer la campagne électorale de Sarkozy et qu’il en avait les preuves. On comprend donc pourquoi le président français a défini le meurtre de Kadhafi comme une « étape importante ». Méritoire aussi le rôle de la section italienne du WP : après avoir déchiré le traité de non-agression, le gouvernement Berlusconi a participé à la guerre avec ses bases, navires et avions, qui ont effectué plus de 1.100 raids. Et le jour même où Kadhafi était tué, la marine militaire annonçait qu’elle avait réactivé les structures Eni (Société nationale des hydrocarbures, NdT) pour l’exploitation du gaz libyen et Finmeccanica[1] rouvrait, en Libye, son établissement hélicoptériste AgustaWestland. Pendant que l’activiste « de gauche » du WP, Bersani, explique que « la mission en Libye entre dans le cadre de notre Constitution, parce que l’article 11 répudie la guerre mais pas l’usage de la force pour des raisons de justice ». Et le président Napolitano assure que « nous ne sommes pas entrés en guerre ».

Edition de mardi 24 octobre 2011 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20111025/manip2pg/14/manip2pz/312179/

Traduction de l’italien : Marie-Ange Patrizio

[1]  « Premier groupe industriel italien du secteur de la haute-technologie et parmi les 10 premiers mondiaux en aérospatiale, défense (si on peut dire, NdT) et sécurité ».
http://www.finmeccanica.it/Corporate/IT/Corporate/Il_Gruppo/index.sdo



Articles Par : Manlio Dinucci

A propos :

Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres: Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.

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