Venezuela – Canada, le comble de l’hypocrisie.

Le Canada complice des États-Unis

J’ai pris connaissance des déclarations de la ministre des Affaires extérieures du Canada, suite à la rencontre, à Ottawa, du groupe de Lima. Derrière un langage de grande solidarité internationale à l’endroit du peuple vénézuélien, elle passe sous silence des faits de grande importance pour comprendre la vraie réalité.

Les silences

Tout d’abord, pas un mot de la rencontre du Conseil de sécurité des Nations Unies , le 26 janvier dernier, qui a débattu de la question du Venezuela, de ses problèmes et de ce que la communauté internationale aurait de mieux à faire pour l’aider à résoudre ses problèmes.  Sur les 35 pays présents, ayant droit de vote, 19 pays, alors en majorité, ont voté contre la proposition étasunienne d’intervention au Venezuela, tout en demandant que les Vénézuéliens et Vénézuéliennes trouvent solutions à leurs problèmes entre eux. Il a été relevé à plusieurs reprises par le représentant du Venezuela et plusieurs autres que l’interventionnisme, sous toutes ses formes et en dehors du droit international, était une des causes des nombreux problèmes que rencontrent les pays de l’Amérique latine, dont, évidemment, le Venezuela. Le vote exprimé a mis l’accent sur la non-intervention de tiers qui ne soit désirée des responsables de l’État.

Le second grand silence de la ministre a été de taire complètement les interventions criminelles des États-Unis par ses sanctions et sa guerre économique contre le Venezuela. Le 31 janvier dernier, l’ONU a reconnu que les sanctions contre le Venezuela violaient les droits de l’homme.

« Azairy a repris les propos du porte-parole du secrétaire général des Nations unies, soulignant “la nécessité urgente pour tous les acteurs concernés de participer à un dialogue politique inclusif et crédible pour faire face à la longue crise que traverse le pays, dans le plein respect des états de droit et des droits de l’homme”.

Pourquoi ces silences de la ministre sur ces sanctions et guerres économique alors qu’elle en mettait contre le gouvernement pour expliquer la crise humanitaire et les problèmes économiques? Pourquoi ne pas se référer aux décisions du Conseil de sécurité qui n’ont eu rien à voir avec une soi-disant démission du Président Maduro? Pourquoi?

Les faits accomplis

La secrétaire d’État prend pour un fait accompli et conforme au droit international et national l’autoproclamation de Juan Guaido. Or sur le plan du droit national, cette autoproclamationne tient pas la route. Pour qu’elle ait pu tenir la route, il eût fallu que le président Maduro soit mort, qu’il ait donné sa démission, qu’il soit en situation mentale ne lui permettant pas de gouverner et que le tout soit sanctionné par le tribunal suprême de justice. Or aucun de ces éléments n’existe. Ça m’a fait penser à ce citoyen canadien de la région de Sainte-Rose du Nord’ Québec, qui s’était autoproclamé roi. Personne ne l’avait pris au sérieux. Ce qui est grave dans tout cela c’est le manque de rigueur, de la part du gouvernement, pour apprécier à leur juste valeur les fondements d’une telle initiative qui n’est soutenue par aucune majorité du peuple, par aucun pouvoir constitutionnel.

On ne peut d’aucune manière, comme gouvernement, décider du président d’un pays, d’un État. Il appartient au peuple de décider. Sur le plan du droit international, Nicolas Maduro est toujours reconnu par les Nations Unies comme étant le président légitime du Venezuela. C’est d’ailleurs le cas de plus de cent pays à travers le monde qui reconnaissent toujours le président Maduro. De cela la ministre n’en parle pas. L’important c’est que Trump ait déclaré ce député comme président transitoire.  Par contre, la voix du président Trump, ça, c’est important.

Depuis quand le Canada s’autorise-t-il à inciter une armée à trahir son peuple et ses autorités gouvernementales ? Le Canada parle comme si les Vénézuéliens étaient, majoritairement, en appui à ce député autoproclamé. Mieux vaudrait qu’il se renseigne bien : la majorité des Vénézuéliens et Vénézuéliennes appuient leur président et leur révolution. Ils savent les dommages terribles que les sanctions et la guerre économique produisent sur leurs conditions de vie. Ils savent d’où ça vient. C’est d’une hypocrisie extrême que de se présenter comme donateurs de 50$ millions de dollars pour venir en aide au peuple avec des médicaments, etc. alors que par l’arrière le Canada est complice de cette misère. Il y a 10 milliards de dollars, appartenant au peuple vénézuélien, qui sont gelés dans des banques européennes pour empêcher le gouvernement d’utiliser cet argent pour acheter des médicaments et autres nécessités au profit de la population.

Le jeu est simple, le Canada, les États-Unis et leurs alliés veulent mettre la main sur le pays et sur ses richesses. Ils ont l’homme bouffon de président autoproclamé qui ne survit que par la reconnaissance de ce groupe d’envahisseurs que sont les auteurs de ce coup d’État. J’espère que le peuple canadien va dénoncer cette grande tricherie et s’opposer à ces 50 millions de dollars qui vont aller directement au service de ce coup d’État.

Je termine avec cette déclaration.

Lester D. Mallory, sous-secrétaire d’État adjoint aux Affaires interaméricaines, le 6 avril 1960. Il revenait d’une mission spéciale à Cuba où il se devait d’évaluer l’appui réel que le peuple cubain apportait à Fidel et à sa révolution. Dans rapport officie lil affirme ceci :

‘le seul moyen prévisible de réduire le soutien interne passait par le désenchantement et le découragement basés sur l’insatisfaction et les difficultés économiques (…) Tout moyen pour affaiblir la vie économique de Cuba doit être utilisé rapidement (…) : refuser de faire crédit et d’approvisionner Cuba pour diminuer les salaires réels et monétaires dans le but de provoquer la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement.’

C’est ce que Washington, le Canada et leurs autres alliés font contre le Venezuela en se présentant sous l’image de grands démocrates et humanitaires.

Oscar Fortin

Québec, le 4 février 2019

 



Articles Par : Oscar Fortin

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