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Venezuela. Lilian Tintori au Canada au service de la désinformation.
Par Claude Morin
Mondialisation.ca, 17 mai 2017

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Lilian Tintori était à Ottawa ce 16 mai. Lilian Tintori est d’abord la conjointe de Leopoldo López, le dirigeant vénézuélien du parti Volonté populaire, qui purge depuis 2014 une condamnation de plus de 13 ans de prison. Elle parcourt la planète pour réclamer la libération des prisonniers « politiques » au Venezuela. Si Leopoldo López est un homme politique, il n’est pas emprisonné pour ses idées politiques, mais bien pour ses incitations répétées à des actions violentes, à l’occasion d’une campagne qu’il a menée au début de 2014 pour la « sortie » de Nicolás Maduro, le président élu en avril 2013. Cette campagne s’est caractérisée par des opérations d’une grande violence : 43 morts, des centaines de blessés, des millions en dommages matériels. La plupart des victimes furent des partisans chavistes, des membres des forces de l’ordre, mais aussi des citoyens qui n’étaient d’aucun bord.

Depuis une quinzaine d’années Leopoldo López représente l’aile la plus extrémiste de l’opposition, celle qui refuse tout dialogue avec le chavisme et qui orchestre des manifestations violentes. Il avait déjà participé au coup d’État d’avril 2002. Maire de Chacao de 2000 à 2008, il a été inhabilité à se présenter à la mairie de Caracas en raison d’irrégularités dans sa gestion. Sa responsabilité dans les « guarimbas » de 2014 lui a valu un procès et une condamnation. Sans égard à son rôle de premier plan dans des manifestations violentes, meurtrières même, le gouvernement des États-Unis et les grands médias ont fait de Leopoldo López le symbole d’une lutte contre le gouvernement vénézuélien. Comme c’est trop souvent le cas avec ses personnages controversés, leur notoriété surfaite, fabriquée à des fins géopolitiques, leur vaut de nombreux prix et décorations.

López en prison, c’est sa conjointe qui devient la tête d’affiche d’une campagne internationale de dénonciation du gouvernement vénézuélien. Le président Trump a même posé avec elle et le sénateur Marco Rubio, cet ennemi des gouvernements progressistes en Amérique latine. Lilian Tintori fait la tournée des gouvernements en Occident. On l’a vue en Argentine, au Chili, en Espagne. La voilà au Canada patronnée par le député Irwin Cotler.

La lettre qu’elle signe dans le Globe & Mail ce 16 mai n’est qu’un outil de propagande au service de la désinformation. Elle veut nous faire croire que les protestations qui se succèdent sans discontinuer depuis plus de cinq semaines sont le fait d’un mouvement pacifique et que la quarantaine de morts sont imputables à la répression par les forces de l’ordre.

La réalité est toute autre : les forces de l’ordre usent de gaz lacrymogènes contre des protestataires armés de cocktails Molotov et de bombes incendiaires. Des bandes attaquent des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Les manifestants érigent des barricades, bloquent les routes, se livrent au vandalisme et au saccage. La plupart des manifestations recherchent l’affrontement. Les actions orchestrées par l’opposition combinent des formes de luttes qui vont des marches et des caravanes, aux saccages de commerces et d’institutions publiques, aux attaques armées contre la police et l’armée. Beaucoup de manifestants sont des combattants équipés pour le combat de rue. L’objectif de cette violence est de démontrer que le Venezuela est ingouvernable.

L’opposition s’emploie à l’évidence à créer une situation propice à l’intervention étrangère sous prétexte que le Venezuela vit une crise humanitaire comme ce fut le cas en Lybie ou en Syrie. Elle n’a que faire des institutions et de la Constitution. Elle refuse tout dialogue à l’intérieur d’un cadre institutionnel conforme à la constitution. Le président Maduro n’est que le symbole de leur haine pour tout ce que représentent le chavisme et la révolution bolivarienne. Son combat, c’est la prise du pouvoir et le démantèlement d’une révolution qui a marqué la fin de ses privilèges. Une révolution inachevée qu’elle s’emploie depuis plus de 15 ans à faire dérailler en usant de son immense pouvoir économique et de son alliance avec les États-Unis.

Claude Morin

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