Vents de guerre dans le Golfe Persique

Il n’y aura jamais d’échange de prisonniers, a déclaré le porte-parole du Département d’Etat des USA.  Il parlait des 15 militaires britanniques détenus en Iran, et des voix officieuses qui font l’hypothèse de les échanger avec certains  fonctionnaires iraniens arrêtés en Irak. Aucun échange ? Hier Téhéran a annoncé  qu’un diplomate iranien enlevé il y  a deux mois à Bagdad est rentré dans son pays. Le gouvernement  irakien ajoute  qu’il est en train de faire son possible pour la libération des 5 employés consulaires iraniens arrêtés par les forces étasuniennes au Kurdistan en janvier. Qu’est-ce que tout cela a à voir  avec le sort des  militaires britanniques en Iran ? Formellement, rien. A y bien regarder cependant, cela a quelque chose à voir.

Les marins et marines britanniques ont été interceptés le 23 mars dans les eaux du Golfe Persique. L’Iran les accuse d’être entrés dans leurs propres eaux territoriales, le Royaume-Uni dit qu’ils étaient dans les eaux irakiennes. Une semaine durant, les deux parties en présence ont haussé le ton. Puis, lundi, le virage. C’est une question bilatérale, disent maintenant Téhéran et Londres, et tout laisse penser à une solution  imminente.

Si tout va bien, la crise rentrera dans le cadre de l’incident local sur une frontière incertaine : la frontière entre Iran et Irak dans le Chott-el-Arab n’a jamais été précisée avec un traité par Téhéran et Bagdad.

Ici, cependant, il s’agit de bien plus qu’une question de Gps (Global positionnning system, les navigateurs satellitaires). L’incident  qui a risqué (risque) de mettre le feu au Golfe Persique fait partie du plus ample bras de fer entre l’Iran et les puissances occidentales. Avec en premier lieu, la question nucléaire.

Peu de jours avant l’incident, le Conseil de sécurité de l’Onu a approuvé de nouvelles sanctions contre l’Iran, qui n’a pas interrompu son programme d’enrichissement de l’uranium.  Ce sont des sanctions économiques limitées, elles ne touchent que la filière de l’uranium, mais elles mettent une hypothèque sur l’économie iranienne : qui va s’embarquer  dans des investissements et des transactions financières avec un pays à risque ?

Ensuite, il y a la guerre froide qui a éclaté entre Téhéran et Washington sur le territoire irakien. Usa et Royaume-Uni accusent l’Iran de fournir une aide et des armes sophistiquées aux insurgés irakiens. Les Usa disent que les employés iraniens arrêtés à Arbil sont des agents des Gardiens de la Révolution, ayant un rôle clé dans le réseau d’approvisionnement d’armes à la guérilla. Le diplomate avait été enlevé par des « inconnus », l’Iran a imputé sa disparition aux Etats-Unis, et maintenant il rentre chez lui. N’a-t-il pas été échangé avec les marins britanniques ? Personne ne l’a dit. Mais, comme l’a dit lundi un porte-parole de Tony Blair, « beaucoup de choses sont en train de se passer en coulisses ».

En fond, demeure l’escalade militaire dans les eaux du Golfe Persique, où se pressent deux porte-avions Usa et leurs « groupes d’attaque » (en plus d’un porte-avions français). Manœuvres militaires, iraniennes et étasuniennes, ont réchauffé l’atmosphère. Depuis quelques jours, les agences russes citent des dirigeants du contre-espionnage militaire de Moscou pour  dire que les USA sont en train de préparer une attaque contre l’Iran, peut-être vendredi (6 avril, NDT*).

Le Golfe reste un endroit très dangereux.

Edition de mercredi 4 avril 2007 de il manifesto.

 

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

 



Articles Par : Marina Forti

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