Vers l’inéluctabilité de l’option militaire ?
L’affaire du nucléaire iranien qui tient en haleine les observateurs de la scène internationale semble s’acheminer vers un clash que pourtant les différents protagonistes redoutent plus que jamais.
Une telle éventualité aurait à n’en plus douter en effet des conséquences plus que désastreuses dans la région et par inévitable ricochet dans le monde entier. C’est que le cas de la République islamique d’Iran est éminemment différent de celui d’un Irak éreinté au moment de l’invasion par dix ans d’embargo des plus cruels. Pour l’heure, les difficultés des membres permanents du Conseil de sécurité à trouver un terrain d’entente ne fait que durcir les positions des différents acteurs du bras de fer.
Chaque membre du Conseil y va de ses déclarations nuancées. Moscou, hôte de la réunion de mardi dernier, se veut apaisant en laissant toujours une porte ouverte. Son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, a déclaré hier qu’aucune décision n’avait été prise pour la simple raison que ce n’était pas l’objectif de la rencontre. «Il n’y a eu aucune décision et aucun document final, mais on n’avait pas cet objectif», a souligné le chef de la diplomatie russe. Les Etats-Unis favorables à des sanctions ont haussé le ton comme il fallait s’y attendre. Nicholas Burns, le numéro trois du département d’Etat, a accusé l’Iran «d’essayer de mettre au point une arme nucléaire en secret» et de «financer beaucoup de principaux groupes terroristes du Moyen-Orient». Pour lui, l’Iran serait le «banquier central du terrorisme au Moyen-Orient». La France, autre puissance nucléaire à être hostile à l’Iran, a tancé les deux membres du Conseil de sécurité que sont la Russie et la Chine qui favoriseraient selon Paris la division de «la communauté mondiale». «Soit nous sommes unis, la Chine et la Russie avec nous, soit ce n’est pas le cas et c’est d’une facilité exemplaire pour les Iraniens de continuer», a dit le ministre des AE français. Jack Straw pour la Grande-Bretagne s’est voulu plus optimiste, estimant que Téhéran ne peut pas diviser «la communauté internationale» malgré les velléités de Téhéran de jouer sur les contradictions occidentales.
Reste l’avis de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui paraît désorientée sous la pression du lobbying américain. Par contre, sur ce point-là, Moscou est sans nuances. Il faut impérativement attendre le rapport du directeur général de l’AIEA Mohamed El Baradei à la fin du mois pour réfléchir à une décision commune.
Les regards des observateurs se tournent désormais vers la date du 28 avril. Date fixée par le Conseil de sécurité à l’Iran pour cesser d’ici là ses activités d’enrichissement. En attendant El Baradei, aura à rendre compte au Conseil ainsi qu’à l’AIEA, de l’application sur le terrain ou non par Téhéran de la décision onusienne.
Dans ce cafouillage diplomatique, l’option militaire menace toujours de son ombre. Selon la presse, américaine notamment, le Pentagone préparerait déjà des scénarios de frappes visant des installations nucléaires et des cibles stratégiques et militaires sur le sol iranien. La Maison-Blanche dément sans convaincre.