Washington oblige une banque canadienne à se soumettre à la loi nord-américaine
Le président de l’Assemblée nationale de Cuba, Ricardo Alarcon, a accusé le gouvernement des Etats-Unis d’obliger la banque canadienne Scotia à refuser des services à Cuba, en vertu de la loi Patriotique nord-américaine.
Invoquant cette loi nord-américaine à laquelle elle prétend se soumettre, la banque vient d’annoncer, par sa succursale de Jamaïque, qu’elle n’accordera plus ses services de transactions monétaires en dollars des Etats-Unis à Cuba, provoquant au Canada un débat quant à la légalité pour une institution de ce pays de se plier de la sorte à une législation étrangère contraire aux intérêts nationaux.
Selon DPA, Alarcon a dénoncé que «on a ordonné à la banque canadienne, depuis Washington, d’élargir le blocus contre Cuba en matière financière et bancaire, en violant les lois de la Jamaïque et aussi du Canada dont la législation interdit de faire des choses comme celles-là».
En qualifiant le fait de «renforcement du blocus», le leader du Parlement a affirmé que «la guerre économique de Washington contre Cuba comprend les tentatives d’empêcher que les baseballeurs cubains reçoivent un prix en argent».
«Maintenant nous découvrons que cet instrument (l’Acte Patriotique) est aussi un instrument d’agression contre Cuba», a déclaré Alarcon qui se trouvait à Kingston, en Jamaïque, à l’assermentation de la nouvelle première ministre, Portia Simpson Miller.
Dans un article intitulé Cuba slaps back at Canadian Bank, le journaliste canadien Oakland Ross a expliqué dans le quotidien The Toronto Star comment, il y a quelques jours, une diplomate de l’Ambassade de Cuba en Jamaïque, Gisela García Rivera, a fermé tous les comptes de sa représentation à la succursale de Kingston, en apprenant les nouvelles et outrageantes dispositions anti-cubaines de la banque.
«C’est d’abord une question de principes», a commenté la diplomate au Star. «De façon évidente, la banque Scotia n’est pas une banque fiable pour nous».
Garcia Rivera a fait référence à une lettre datée du 7 mars et signée par Barrington Chilshom, gérante du bureau de la banque Scotia du boulevard Knutsford dans la capitale jamaïcaine, dans laquelle il écrit que, à partir de cette date, sa banque n’est plus disposée à gérer des comptes en dollars USA pour des clients cubains ni à réaliser pour eux des opérations financières internationales.
«La décision est venue du siège social», a dit Chilshom dans une entrevue au Star.
À Toronto, un porte-parole de la banque, Frank Switzer, a confirmé que la décision de la banque Scotia s’appliquait à toutes ses succursales, au Canada et à l’extérieur.
Étrangement, une confusion évidente est apparue dans les justifications de l’institution financière à l’appui de cette décision. Dans sa lettre, Chilshom fait référence à l’Acte Patriotique nord-américain tandis que, dans sa conversation avec le Star, Switzer admet que cette législation n’était «possiblement» pas celle que l’on devait invoquer.
Le journaliste signale qu’aucune autre banque canadienne semble intréressée à suivre l’exemple de la banque Scotia.
Myma Drew-Lytle, porte-parole de l’Association des banquiers canadiens, a déclaré pour sa part qu’il ne connaissait pas de position commune des institutions financières du Canada au sujet de dispositions légales des Etats-Unis.
Un porte-parole du ministère canadien des Affaires extérieures a déclaré que l’on étudiait la question.
Pour une majorité de Canadiens, l’application extraterritoriale des lois nord-américaines au Canada constitue une ingérence intolérable.
Déjà, le Réseau canadien de solidarité avec Cuba a avisé la banque Scotia qu’il demandera a ses 55 000 membres de mettre fin à leurs relations avec cette institution et d’informer leurs députés de cette situation scandaleuse.