Woke, Wokisme, au-delà de la propagande – histoire et politique

Il ne passe pas une semaine sans que un ou plusieurs des pontificateurs du Journal de Montréal (de Bock-Côté à Denise Bombarfdier en passant par Martineau et Facal) ne pourfendent les « Wokes » et le « Wokisme », criant quasiment au meurtre. Ils y ajoutent la « cancel-culture », comme si c’étaient des jumeaux siamois.
Comme toujours la droite et l’extrême-droite ont besoin de boucs émissaires, de repoussoirs. S’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer. C’est comme lancer de la poudre aux yeux; ça sert à mystifier les gens, à les aveugler, pas à les éclairer. Plus c’est vague, mieux c’est.
Ce que ces chroniqueurs, et les politiciens qui les suivent ne disent pas, c’est que, en enfourchant le cheval de bataille des anti-Wokes, ils enfourchent le même cheval des plus ardents des Trumpistes.
L’élection début novembre du Républicain Glen Youngkin en Virginie, État emblème du Sud raciste, est un exemple. Il doit sa victoire, en partie, à sa campagne contre les Wokes. Il a même payé une annonce télé qui appelle au bannissement des écoles de l’État du roman BELOVED de Toni Morrison, première Afro-américaine a gagné le Nobel de la littérature. Comme quoi les Wokes n’auraient pas le monopole de la « cancel-culture ».
Dans cette chronique, Robin Philpot trace l’histoire du concept Woke qui remonte à l’avant guerre civile avec la création des « Wide Awakes » en 1859-1860. Cette organisation militante appuyait le futur président Abraham Lincoln. Sa devise: FREE SPEECH, FREE SOIL, FREE MEN. Le sud esclavagiste les détestait et en avait peur, comme ils détestaient Lincoln.
Il traite aussi de la réapparition de Woke en 1962. Les dictionnaires notent que c’est le grand écrivain William Melvin Kelley qui a fait paraître le terme la première fois à l’écrit dans le New York Times dans un article intitulé: « If You’re Woke You Dig It; No mickey mouse can be expected to follow today’s Negro idiom without a hip assist. » (20 mai 1962)
La carrière de certains termes comme Woke suivent un chemin tortueux. Parfois les racistes l’adoptent, le déforment et s’en servent pour dénigrer les gens qui combattent le racisme.
Le Québec n’est pas les États-Unis, heureusement. Il est ainsi erroné de plaquer sur le Québec un discours inspiré de la situation aux États-Unis. Les pays sont tout simplement différents sur tous les plans.
Mais il est aussi erroné pour nos chroniqueurs et politiciens d’emprunter le même discours et les stratégies que les Trumpistes et de l’appliquer à tort et à travers au Québec..
Chaque pays a son histoire, ses erreurs, ses bons coups. Il faut traiter chaque sujet, chaque crise, chaque litige selon les faits, selon les mérites, pas selon une idéologie qu’on brandit comme un épouvantail.
Dans cette chronique, on touche aussi à un cas où les adversaires du Québec prennent la notion québécoise de « pure laine » pour ensuite la déformer et s’en servir contre le Québec. Exemple, dans le Globe and Mail deux chroniqueurs ont fait un lien direct entre une idéologie de « pure laine », qu’ils ont imaginée, et –- tenez-vous bien –- et la tuerie de la Mosquée de Québec.