Zimbabwe : Mugabe charge Bush et Blair
La FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a fêté son soixantième annniversaire lundi à Rome en présence de nombreuses personnalités et en commençant par les attaques du président zimbabwéen Robert Mugabe contre les dirigeants américain George W. Bush et britannique Tony Blair.
« Devons nous approuver ces hommes? », s’est exclamé M. Mugabe, décrivant George Bush et Tony Blair comme « les deux personnes néfastes de notre millénaire qui, à la manière de Hitler et Mussolini, ont formé une alliance impie pour attaquer des pays innocents ».
Théoriquement banni de tout voyage dans les pays de l’Union européenne, Robert Mugabe a fustigé avec véhémence les Etats-Unis pour leur intervention en Irak et a défendu sa réforme foncière très controversée, qui a conduit depuis 2000 à la saisie de quelque 5.000 exploitations agricoles appartenant à des fermiers blancs pour les redistribuer à des noirs sans-terre.
Le président vénézuélien, Hugo Chavez, également présent à la cérémonie à Rome, siège de l’agence spécialisée de l’ONU, a pour part accusé « l’empire nord-américain » d’être la « première menace pour le monde » au cours de la même cérémonie.
« Je salue le président zimbabwéen Mugabe pour sa lutte pour la justice », a-t-il aussi déclaré dans un long discours où il a comparé Judas au « premier capitaliste » et Jésus au « premier socialiste ».
« Le budget de la défense américain, qui s’élève à 500 milliards de dollars, suffirait à financer la FAO pendant 500 ans », a-t-il ajouté, avant d’appeler à l’anéantissement de « l’OMC et du FMI » et à la mise en place d’un « fonds humanitaire international ».
Les interventions des dirigeants vénézuélien et zimbabwéen ont fait passer au second plan la cérémonie en présence des délégations de plus d’une centaine de pays au cours de laquelle le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a reçu la médaille « Agricola », la plus haute récompense de la FAO, pour ses efforts dans la lutte contre la faim.
« L’alimentation est un droit, un droit sacré, un droit fondamental. La faim est la plus importante arme de destruction massive qui existe aujourd’hui », a ajouté le président brésilien, très applaudi pour son intervention.
M. Lula a également critiqué les subventions des pays développés à leur agriculture, celles-ci représentant, selon lui, « six fois plus » que les besoins nécessaires pour parvenir à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015 dans le monde.
Le président brésilien s’est d’ailleurs félicité de « l’initiative prise récemment par les Etats-Unis et l’Union européenne » visant à réduire ses subventions agricoles, « bien que les volumes (de réduction) ne soient pas assez suffisants ».
Lors du premier Sommet de l’alimentation, réuni à Rome en 1996, les pays membres de la FAO s’étaient également fixé comme objectif de réduire à 400 millions le nombre de personnes touchées par la faim dans le monde en 2015.
Or, « 852 millions de personnes continuent à souffrir de la faim » aujourd’hui, a rappelé le directeur général de l’institution onusienne, le Sénégalais Jacques Diouf.